Négociation d’un plan de changement​

Établissez le point d'arrivée

Déterminez aussi précisément que possible ce que le patient a l'intention d'accomplir.

Ne présumez pas que les objectifs du patient sont les mêmes que les vôtres (p. ex., dans le cas d'une dépendance à l'alcool, alors que vous recommandez une abstinence totale, l'objectif du patient pourrait être de réduire sa consommation à quatre bières par jour).

Incitez le patient à se fixer ses propres objectifs ainsi qu'un échéancier pour les réaliser. À titre d'exemple, vous pourriez lui poser la question suivante : « En ce qui concerne votre consommation d'alcool, où aimeriez-vous en être dans quelques semaines ? Et dans quelques mois ? ».

Examinez divers moyens d'atteindre l'objectif fixé

Examinez, avec le patient, diverses façons d'atteindre l'objectif en mettant l'accent sur ce qui a déjà produit des résultats (p. ex., « Comment avez-vous fait pour vous arrêter de fumer l'an dernier ? »).

Songez à des mesures simples et limitées que le patient pourrait commencer à prendre pour atteindre l'objectif fixé. Pour ce faire, il suffit de lui demander de déterminer de ce qu'il pourrait faire dans un premier temps ou de lui faire des suggestions sans insister du style : « Avez-vous déjà envisagé de cesser de fumer chez vous ? »

Dressez un plan détaillé

En collaboration avec le patient, efforcez-vous de choisir une première mesure observable qui soit aussi précise que possible. À titre d'exemple, vous pourriez faire le point en demandant au patient : « Alors, nous avons discuté de la réduction de votre consommation d'alcool et vous avez dit que vous vouliez commencer dès aujourd'hui en vous en tenant à quatre bières par jour. C'est bien ça ? ».

Amenez le patient à s'engager

Il est essentiel que le patient se sente prêt à respecter le plan et qu'il le considère comme réalisable.

Ne présumez pas que le patient s'est engagé à respecter le plan. Dissipez toute équivoque en lui demandant : « Êtes-vous bien certain de pouvoir faire ça tous les jours ? ».

Officialisez l'engagement du patient

Comment officialiser l'engagement à l'égard du plan de changement ? Tout dépend des patients. Certaines personnes se sentent motivées par un « contrat » écrit qu'elles peuvent emporter chez elles, mais la plupart des patients considèrent que les notes portées dans leur dossier suffisent. Il y a aussi des gens qui aiment sceller leur engagement avec une poignée de main.

Assurez un suivi

La plupart des patients bénéficient d'un soutien continu. Ils ont besoin de conseils pour persister malgré les échecs et surmonter les obstacles.

Vous devrez fixer des rendez-vous en prévision de telles difficultés. Au départ, les rendez-vous pourraient être espacés d'une ou deux semaines, mais il est essentiel que le plan de suivi soit guidé par le jugement du patient. Posez-lui la question suivante : « Quand croyez-vous qu'il vous serait utile de revenir me voir ? »

Poursuivez ainsi, en faisant prudemment progresser le patient à chaque rendez-vous et en évaluant sa réaction lors du rendez-vous suivant.

Que faire quand un patient n'a pas respecté les engagements pris dans le plan de changement

Si un patient est incapable d'honorer un engagement, il risque de perdre confiance en lui et d'avoir un sentiment d'impuissance. Vous pouvez lui éviter de vivre cette situation comme un échec en la lui présentant comme une occasion de tirer des leçons utiles, pour lui comme pour vous-m.

En général, l'échec indique qu'on est allé trop vite en besogne. Ou bien le patient n'était pas prêt et a résisté au changement, ou bien l'objectif était trop ambitieux et l'échec était inévitable.

Un échec signifie également qu'il serait bon de réévaluer la préparation du patient au changement et de mettre la pédale douce, sans abandonner pour autant.

En règle générale, il vaut mieux progresser trop lentement que trop vite et fixer des objectifs trop limités plutôt que trop ambitieux. Les patients à qui on donne un objectif peu ambitieux (p. ex., ne pas fumer à l'intérieur) ont tendance à en faire davantage (p. ex., en repoussant le moment où ils sortiront fumer, ce qui réduit leur consommation quotidienne de cigarettes). Vous pouvez tirer parti de ces réussites.

Il s'agit d'amener graduellement les patients à adopter de nouveaux modes de comportement, à prendre davantage conscience du processus de changement et à accroître leur sentiment d'autoefficacité, c'est-à-dire le sentiment qu'ils peuvent apporter des changements dans leur vie.