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Prévention et gestion de la rechute

Rechutes et incidents de parcours

Il faut distinguer entre la consommation ponctuelle d'une substance (l'incident de parcours) et la consommation qui entraîne un retour au manque de contrôle antérieur (la rechute), même si la différence n'est souvent pas aussi claire qu'il n'y pourrait paraître. Tout dépend de la gravité du trouble de l'usage de la substance.

Les incidents de parcours sont souvent considérés comme faisant partie intégrante de la désintoxication, tandis que la rechute indique le besoin de dresser un bilan, de réévaluer la situation et de reprendre un traitement quelconque. À titre d'exemple, il est rare que quelqu'un qui essaie de s'arrêter de fumer s'arrête complètement à son premier essai. Il importe de comprendre que le fait de prendre une cigarette à l'occasion s'inscrit dans le processus de changement. Ce n'est pas parce que le patient a fumé une cigarette qu'il faut tout reprendre à zéro.

Que faire en présence d'un incident de parcours ?

Les incidents de parcours devraient être considérés comme des occasions de tirer des leçons utiles plutôt que comme des échecs (ce qui est généralement l'avis des patients).

Voici comment vous pourriez mettre à profit un incident de parcours pour en tirer des leçons :

  • Demandez au patient ce qu'il a pensé, ce qu'il a ressenti et ce qu'il a fait avant, pendant et après l'incident de parcours.
  • Songez à l'acronyme EFEF (esseulement, faim, emportement, fatigue), qui évoque les conditions propices aux incidents de parcours et à la rechute. Posez au patient la question suivante : « Vous deviez avoir un besoin non satisfait. Lequel ? »
  • Essayez de découvrir ce qui a mené à l'incident de parcours, ce qui l'a alimenté et ce qui a permis au patient de se ressaisir.
  • Centrez votre échange avec le patient sur l'aspect positif en lui demandant : « Comment avez-vous fait pour reprendre les choses en main ? »
  • Essayez de susciter un discours intérieur positif :

o   « Qu'avez-vous appris ? »

o   « Comment avez-vous réussi à accomplir cela ? »

  • Mettez l'accent sur l'auto-prise en charge : « Qu'allez-vous faire pour éviter les conditions d'EFEF à l'avenir ? »
  • Faites bien comprendre au patient que le secret favorise la rechute et encouragez-le à admettre ses difficultés et à demander de l'aide.
  • Passez en revue les stratégies de prévention de la rechute

 

Comment aider les patients à éviter une rechute 

Les stratégies de prévention de la rechute dépendent de la gravité du type de substance et de l'ampleur du risque.

Stratégies générales de prévention de la rechute

·Aidez les patients à repérer les situations à risque élevé et les facteurs qui déclenchent des comportements addictifs : consommation d'alcool, tabagisme, etc. (p. ex., les bars, les amis qui fument, les fins de semaine).

  • Demandez aux patients de répondre à la question suivante : « Que ferai-je au lieu de [comportement à éviter] ? ».
  • Conseillez aux patients de trouver des moyens différents de faire face aux émotions négatives. L'anxiété, la colère, l'ennui, la solitude et la dépression poussent souvent les gens à boire ou à consommer d'autres substances psychoactives. Certains patients devraient envisager un traitement pour leurs troubles anxieux ou thymiques.
  • Mettez l'accent sur les victoires des patients. Demandez-leur comment ils ont réussi à s'abstenir de consommer une certaine substance ou à réduire leur consommation par le passé, même si cela n'a été que de courte durée.
  • Incitez les patients à élaborer un plan précis leur permettant d'éviter ou de minimiser les facteurs déclencheurs, ou de faire face à la tentation (p. ex., en évitant temporairement les amis qui boivent trop ou en choisissant d'autres activités [les personnes qui se rendent au bar après le travail pourraient remplacer cette activité par un souper avec leur compagne ou compagnon]).
  • Parlez avec les patients de ce qu'ils feront pour résister aux envies impérieuses qui ne manqueront pas de se manifester.

Stratégies de prévention de la rechute pour les troubles de consommation d'une substance qui sont moyens ou graves

  • Dans un premier temps, les patients présentant des troubles liés à l'usage d'une substance qui sont moyens ou graves auront besoin de l'aide d'un spécialiste des toxicomanies, d'un thérapeute et du soutien de groupes axés sur les 12 étapes pour se fixer des limites. Les programmes de désintoxication sont une composante essentielle de ce qu'on enseigne dans les programmes de traitement structurés.
  • Incitez ensuite les patients qui ont suivi un traitement à mettre en pratique ce qu'ils ont appris. Les autres patients devraient envisager d'en suivre un.
  • Incitez les patients à reprendre contact avec leur famille et à rebâtir leur réseau social. C'est bien souvent la famille qui est le meilleur instigateur de changement. Invitez les membres de la famille qui remplissent un rôle de soutien auprès des patients à les accompagner à leurs rendez-vous. Encouragez les patients à reprendre contact avec leurs amis qui ne partagent leur toxicomanie.
  • Encouragez les patients à essayer de se joindre à Alcooliques anonymes (AA) ou à d'autres groupes axés sur les 12 étapes. Il a été prouvé que les personnes qui se joignent aux AA font moins de rechutes. De plus, la participation à de tels groupes aide les patients à rebâtir leur réseau social.
  • Aidez les patients à trouver une stratégie pour faire face aux envies impérieuses. Pour les gens aux prises avec une dépendance à l'alcool, la stratégie la plus commune consiste à avoir un entretien téléphonique avec un parrain AA ou un ami intime ou à parler à l'un ou l'autre en personne.

Comment aider les patients qui ont fait une rechute

Patients présentant des troubles légers de l'usage d'une substance

Ces patients essaient généralement de modérer leur consommation ou de se reprendre en main. Leur confiance est souvent ébranlée par de petits échecs (incidents de parcours) et ils ont un grand besoin d'être rassurés.

La rechute est plus grave que l'incident de parcours et elle devrait vous conduire à revoir le diagnostic. Des rechutes à répétition indiquent que le trouble est plus grave qu'il ne vous avait paru au départ. À titre d'exemple, une personne présentant un trouble de l'usage de l'alcool léger et qui ne répond qu'à peu de critères pour ce trouble, mais dont les tentatives de limiter sa consommation se sont soldées à plusieurs reprises par l'échec pourrait avoir besoin d'envisager une abstinence totale et de suivre un traitement structuré.

Il est essentiel de réévaluer la motivation de ces patients. Sont-ils toujours déterminés à atteindre les objectifs fixés ?

Établissez un plan pour remettre les patients sur les rails et parer aux situations stressantes qui s'accompagnent d'un besoin impérieux de consommation.

Patients présentant des troubles moyens et sévères de l'usage d'une substance

Chez ces patients, la rechute n'est pas à prendre à la légère. Le plan de traitement doit être réévalué tout comme s'il s'agissait de la rechute de toute autre maladie chronique grave et potentiellement mortelle.

Dites aux patients de reprendre leur programme de désintoxication : de renouer avec les personnes qui les soutiennent, de recommencer à prendre soin d'eux-mêmes, de retourner aux séances du groupe axé sur les 12 étapes auquel ils appartiennent, etc.

La plupart de ces patients devraient déjà avoir consulté un spécialiste des toxicomanies ou un thérapeute connaissant bien les toxicomanies. Pour les patients qui ne l'ont pas encore fait, c'est le moment ou jamais.