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Questionnement à propos de la consommation de substances psychoactives

Les prestataires de soins primaires s'enquièrent-ils systématiquement de la consommation de substances psychoactives ?

Il est fréquent que les troubles liés à la consommation d'une substance échappent à l'attention des prestataires de soins primaires, et ce, pour plusieurs raisons :

  • Les patients parlent rarement spontanément de leur consommation de substances psychoactives, mais il est également de fait que les médecins et les autres prestataires de soins oublient souvent de s'enquérir à ce sujet.
  • Il est possible que les prestataires de soins essaient d'éviter de mettre les patients mal à l'aise, mais il se peut aussi qu'ils cherchent à éviter de se mettre eux-mêmes dans l'embarras ou d'afficher leur manque de connaissances.
  • De toute évidence, les médecins ont tendance à éviter de poser des questions sur des sujets qu'ils maîtrisent mal, qui les mettent mal à l'aise ou sur lesquels ils n'ont pas de position claire. Si de nombreux prestataires de soins primaires s'abstiennent de poser des questions sur la consommation de substances psychoactives, c'est parce qu'ils ne se sentent pas vraiment en mesure d'offrir un soutien aux patients qui font une consommation problématique d'alcool ou de drogues et de les traiter.

Les médecins qui connaissent bien un problème de santé particulier et qui se sentent capables de le traiter sont davantage enclins à s'enquérir à son sujet et à le déceler.

Auprès de quels patients doit-on s'enquérir de l'usage de substances psychoactives ?

Un dépistage systématique de l'usage de substances psychoactives devrait être effectué auprès des patients à partir de l'âge de 10 ans, et les résultats devraient être reportés dans un graphique d'estimation du taux de risque cumulatif inséré dans le dossier médical.

En cas de résultat positif, documentez la consommation quotidienne et hebdomadaire. Toute consommation d'alcool excédant les recommandations contenues dans les Directives de consommation d'alcool à faible risque et tout usage de tabac et de drogue devraient être suivis d'une brève évaluation individualisée.

Les contraintes de temps posant souvent un problème pour l'évaluation de l'usage de substances psychoactives, le plus pratique est généralement de procéder par étapes :

  • Si vous n'avez pas d'inquiétudes à l'endroit d'un patient et que vous ne disposiez que de peu de temps, contentez-vous de lui poser une ou deux questions.
  • Si vous avez des raisons médicales de vous inquiéter, il conviendra de procéder à une anamnèse et à un examen plus poussés, éventuellement lors d'une consultation ultérieure.

Comment aborder la question de l'usage de substances psychoactives ?

Il est à présent pratique courante, en milieu de soins, de demander aux patients s'ils fument. Cela constitue un bon préambule à d'autres questions portant sur l'hygiène de vie.

Exemple :

« Donc, vous fumez à peu près un paquet par jour. Consommez-vous de l'alcool ? »

Quand on s'apprête à poser à un patient des questions personnelles de nature délicate ou indiscrète, il est recommandé de commencer par « annoncer la couleur ».

Exemple :

« Maintenant que j'ai une bonne idée de vos ennuis de santé, j'aimerais vous poser quelques questions de routine sur votre hygiène de vie, que je pose à tous mes patients. »

En annonçant au patient que vous allez lui poser des questions sur des sujets qui n'auront peut-être aucun rapport direct avec le motif de la consultation, vous aurez loisir de lui poser toute une série de questions délicates bien rodées, qui lui sembleront ainsi plus anodines et qui le mettront moins mal à l'aise.

Exemple :

« Est-ce que vous fumez ? »

« Consommez-vous de l'alcool ? »

« Consommez-vous d'autres substances ? »

« En ce moment, êtes-vous actif sexuellement ? »

« Avez-vous des relations sexuelles avec des hommes, des femmes ou les deux ? »

Déni de réalité

Pour parer aux critiques ou dédramatiser les conséquences de leur consommation de substances psychoactives, les personnes aux prises avec des toxicomanies peuvent recourir à divers mécanismes, qui impliquent tous un déni de réalité.

Les gens qui vivent dans le déni sont prêts à admettre qu'ils ont des problèmes sans pour autant faire le rapprochement entre ces problèmes et leur consommation d'une substance psychoactive. C'est ainsi qu'une personne reconnaîtra avoir perdu son emploi sans voir le lien avec le nombre de jours où elle s'est absentée à cause d'une « gueule de bois ».

Le déni de réalité n'est pas la même chose que le mensonge. Quand on ment, on a parfaitement conscience de la réalité, mais on choisit de masquer ce fait, en actes ou en paroles, alors que quand on est dans le déni, on se met à confondre la réalité et l'affabulation et on finit par croire à ses propres contre-vérités.

Mécanismes de défense auxquels ont souvent recours les gens dans le déni :

  • Rationalisation : « Je ne boirais pas si je n'étais pas si stressé. »
  • Intellectualisation : « Les experts recommandent de boire deux onces d'alcool par jour pour se maintenir en santé. »
  • Blâme : « Je ne fumerais pas autant de "pot" si mes parents arrêtaient de m'achaler. »
  • Diversion : « Oui, j'ai des problèmes. On vit dans un monde de fous. Le vrai problème, c'est tous les malades qui vivent sur terre. »
  • Minimisation : « J'ai à peine fumé la moitié d'un joint. »
  • Humour : « Je peux m'arrêter de boire quand je veux. D'ailleurs, je m'arrête une fois par semaine. »
  • Assentiment : « Tu as raison. Je devrais vraiment m'arrêter de fumer du crack. »
  • Projection : « Je ne suis pas aussi pire que Jean. Lui, il a un vrai problème d'alcoolisme. »
  • Menace : « Essaye donc de m'empêcher de sortir avec mes amis ! »
  • Généralisation : « Oui, je fume, et après ? Chacun a ses vices, non ? »