Dépistage des troubles concomitants
Prévalence de la coexistence des troubles de l'usage d'une substance et des troubles de santé mentale
Chez les personnes atteintes d'un trouble psychiatrique, la prévalence des troubles de l'usage d'une substance est élevée. Au Canada, 16,1 % des personnes ayant reçu un diagnostic de trouble mental au cours de leur vie avaient eu des troubles liés à la consommation d'une substance au cours de l'année précédente (Statistique Canada, 2002). La prévalence vie entière de troubles psychiatriques chez les personnes qui sont aux prises avec un problème de dépendance à l'alcool est de 27,5 % (Statistique Canada, 2002).
Relation entre les troubles de santé mentale et les troubles de l'usage d'une substance
Les effets réciproques des troubles de santé mentale et des troubles de l'usage d'une substance sont variés :
- L'alcool et les drogues sont des anxiolytiques efficaces à court terme et les personnes souffrant d'anxiété y ont souvent recours pour apaiser leurs symptômes.
- Les personnes aux prises avec une dépendance à l'alcool ou à une autre substance attribuent souvent les symptômes de sevrage à l'anxiété.
- L'alcool et les drogues ont tendance à exacerber les troubles psychiatriques primaires coexistants. À titre d'exemple, le cannabis aggrave les symptômes de la schizophrénie et peut précipiter un épisode psychotique.
- Chez les personnes dépendantes, l'alcool entraîne souvent l'apparition de symptômes dépressifs (trouble de l'humeur induit par l'alcool).
- Les drogues les plus courantes sont toutes susceptibles de provoquer des troubles psychiatriques, en particulier des troubles de l'humeur et des troubles anxieux.
- Les troubles psychiatriques primaires peuvent induire des troubles liés à la consommation d'une substance. À titre d'exemple, une personne atteinte d'un trouble anxieux est vulnérable à la dépression induite par l'alcool.
- La consommation de substances psychoactives peut interférer avec le traitement du trouble psychiatrique primaire, et ce, de plusieurs façons :
- L'observance de la pharmacothérapie psychiatrique est moins bonne chez les personnes qui consomment des substances psychoactives.
- Les substances psychoactives peuvent interagir avec les médicaments psychiatriques.
- La consommation de substances psychoactives peut contribuer aux problèmes comportementaux et aux difficultés relationnelles.
Troubles concomitants
On appelle troubles concomitants la coexistence d'un trouble lié à l'usage d'une substance et d'un trouble psychiatrique primaire.
Compte tenu de la fréquence des troubles concomitants, tous les patients présentant un trouble thymique, anxieux ou psychotique devraient être soumis à un dépistage de la consommation de substances psychoactives, et tous les patients présentant un trouble de l'usage d'une substance devraient être soumis à un dépistage de la dépression, de l'anxiété et de la psychose, et on devrait s'enquérir de leurs antécédents éventuels de traumatisme.
Troubles psychiatriques induits par la consommation de substances psychoactives
Il est probable qu'un trouble psychiatrique a été induit par une substance psychoactive si :
- les symptômes psychiatriques se sont manifestés dans le mois qui a suivi l'intoxication par la substance ou le début du sevrage ;
- la substance est une cause connue de symptômes d'anxiété, de dépression ou de psychose ;
- l'arrêt de la consommation s'est accompagné d'une disparition des symptômes ;
- il n'existe pas de trouble susceptible de mieux expliquer les symptômes.
Tableau clinique des troubles primaires et des troubles induits par une substance
Tableau clinique | Trouble primaire ? | Induit par une substance ? |
L'apparition des symptômes a précédé l'utilisation de la substance. | Possiblement | Non |
La consommation de la substance est importante ou suffisamment fréquente pour que cela explique les symptômes. | Généralement pas | Oui |
L'arrêt de la consommation s'est accompagné d'une disparition des symptômes. | Non | Oui (la disparition des symptômes pouvant prendre de plusieurs jours à plusieurs mois) |
Le patient a recours à la substance pour maîtriser ses symptômes | Dans bien des cas | Possiblement |
Troubles concomitants et risque de suicide
Chez les patients aux prises avec des troubles liés à la consommation d'une substance, le risque de suicide est plus élevé, en particulier durant une intoxication aiguë et un sevrage. Ces patients devraient faire l'objet d'une évaluation approfondie et d'un suivi étroit ; en cas de danger, ils devraient être hospitalisés.
Il est fréquent que l'état mental d'un patient s'améliore dans les 24 à 48 heures suivant l'arrêt de la consommation de la substance psychoactive, ce qui permet de faire la distinction entre les symptômes induits par la substance et les troubles psychiatriques primaires.
Chez les patients qui sont aux prises avec une dépression en même temps qu'avec des troubles liés à la consommation d'une substance, il convient d'instaurer un traitement antidépresseur ainsi qu'un traitement intensif de la dépendance.
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