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Tests de dépistage urinaire de drogue

Quand doit-on envisager de recourir aux tests de dépistage urinaire de drogue ?

Envisagez de faire subir des tests réguliers de dépistage urinaire de drogue à tous vos patients qui suivent un traitement aux opioïdes à long terme [NOUGG (National Opioid Use Guideline Group), 2010].

Les tests de dépistage urinaire de drogue peuvent fournir d'importantes informations cliniques :

  • L'absence de traces du médicament prescrit pourrait indiquer un usage abusif ou un manque de fidélité au traitement.
  • La présence d'une substance illégale pourrait indiquer un problème de drogue.
  • La présence d'un opioïde non prescrit pourrait indiquer le recours à des ordonnances multiples ou l'usage d'opioïdes détournés.

 

Types de tests de dépistage urinaire de drogue

Les deux principaux types de tests sont le dosage immuno-enzymatique et la chromatographie.

Comparaison du dosage immuno-enzymatique et de la chromatographie pour le dépistage de l'usage abusif d'opioïdes

Dosage immuno-enzymatique

Chromatographie

Ne permet pas de différencier les types d'opioïdes, exception faite de l'oxycodone et du fentanyl, qui font à présent l'objet de tests distincts.

Permet de différencier divers types d'opioïdes (p. ex., la codéine, la morphine, l'oxycodone, l'hydrocodone, l'hydromorphone, la monoacétylmorphine [un métabolite de l'héroïne], la méthadone et la buprénorphine).

Avec ce test, les opioïdes semi-synthétiques et synthétiques (p. ex., l'oxycodone, la méthadone et le fentanyl) passent souvent inaperçus, à moins qu'une bandelette réactive spécifique ne soit utilisée.

Plus fiable que le dosage immuno-enzymatique pour la détection des opioïdes semi-synthétiques et synthétiques.

Tableau adapté de la ligne directrice Canadian Guideline for Safe and Effective Use of Opioids for Chronic Non-Cancer Pain © 2010 et reproduit avec la permission du NOUGG (National Opioid Use Guideline Group).

 

Périodes de détection pour le dosage immuno-enzymatique et la chromatographie

Substances

Nombre de jours durant lesquels ces substances sont détectables

Dosage immuno-enzymatique

Chromatographie

Benzodiazépines (usage régulier)

20 jours ou plus pour l'usage régulier du diazépam

Le dosage immuno-enzymatique ne permet pas de différencier les divers types de benzodiazépines.

Les benzodiazépines à durée d'action intermédiaire, dont le clonazépam, passent souvent inaperçues aux doses thérapeutiques.

Permet de distinguer divers types de benzodiazépines.

Cannabis

20 jours ou plus

Ne s'emploie pas pour le cannabis.

Cocaïne + métabolite

De 3 à 7 jours

De 1 à 2 jours

Codéine

De 2 à 5 jours

De 1 à 2 jours : Prise à des doses élevées, la codéine est métabolisée en morphine et en hydrocodone.

Hydrocodone

De 2 à 5 jours

De 1 à 2 jours

Hydromorphone

De 2 à 5 jours

De 1 à 2 jours

Mépéridine

1 jour (passe souvent inaperçue)

1 jour

Morphine

De 2 à 5 jours

De 1 à 2 jours : Prise à des doses élevées, la morphine peut être métabolisée en hydromorphone.

Oxycodone

Passe souvent inaperçue, à moins qu'une bandelette réactive spécifique ne soit utilisée.

De 1 à 2 jours

Source : Adaptation de Brands, 1998.

Tableau adapté de la ligne directrice Canadian Guideline for Safe and Effective Use of Opioids for Chronic Non-Cancer Pain © 2010, avec la permission du NOUGG (National Opioid Use Guideline Group).

 

Préliminaires au test de dépistage urinaire de drogue

Avant de subir ce test, les patients doivent fournir un compte rendu détaillé de la façon dont ils ont pris leur médicament au cours des heures et des jours précédents. Demandez, par exemple, si le patient a pris son opioïde dans la matinée.

Prévenez toujours les patients que leur échantillon d'urine servira à un dépistage de drogue et demandez-leur leur consentement. Le dépistage urinaire de drogue doit être inclus dans l'entente de traitement.

L'expérience clinique a montré que les patients acceptent plus facilement le dépistage urinaire de drogue s'il est effectué de façon régulière plutôt que seulement quand le médecin soupçonne un abus.

Interprétation des résultats du test de dépistage urinaire de drogue

Comme il en va de tout test de laboratoire, les résultats du test de dépistage urinaire de drogue doivent être interprétés avec prudence. Pour poser un diagnostic et prendre une décision de traitement, il faut se fonder sur une investigation rigoureuse, car un résultat unique peut être trompeur. Un résultat inattendu ne suffit pas à poser un diagnostic de toxicomanie. Ainsi, par exemple, l'absence de l'opioïde prescrit dans l'urine ne signifie pas nécessairement que le patient fait un usage détourné de l'opioïde. Il pourrait s'agir d'un faux négatif; il se pourrait aussi que le patient se soit trouvé à court de médicament quelques jours avant le test ou tout simplement qu'il n'ait pas suivi vos recommandations de traitement et qu'il ne veuille pas vous le dire.

Le tableau ci-dessous offre des suggestions sur la façon de procéder quand on reçoit un résultat inattendu.

Interprétation des résultats inattendus aux tests de dépistage urinaire de drogue

Résultats inattendus

Interprétations possibles

Conseils pour le médecin

1. Absence de l'opioïde prescrit dans l'urine

Faux négatif

 

 

Manque de fidélité au traitement

 

 

 

Usage abusif

Faites effectuer un nouveau test par chromatographie; spécifiez la substance qui vous intéresse (p. ex., l'oxycodone passe souvent inaperçue avec le dosage immuno-enzymatique).

Demandez au patient de vous faire un compte rendu détaillé de la façon dont il a pris son médicament au cours des 7 derniers jours (vous pourriez découvrir qu'il s'est trouvé à court de médicament plusieurs jours avant le test).

Demandez au patient s'il a donné son médicament à quelqu'un d'autre.

Assurez-vous que le patient adhère au traitement (décompte des comprimés).

2. Présence, dans l'urine, d'un opioïde non prescrit ou de benzodiazépines

Il peut s'agir d'un faux positif.

 

Le patient s'est procuré des opioïdes par d'autres moyens (ordonnances multiples, amis, famille, marché clandestin).

Faites effectuer des tests de dépistage réguliers.

Demandez au patient s'il s'est procuré des opioïdes par d'autres moyens.

Déterminez s'il le patient fait un usage abusif d'opioïdes ou s'il a une toxicomanie (cf. recommandation 12 de la Ligne directrice).

Revoyez/révisez l'entente de traitement.

3. Présence, dans l'urine, d'une substance illicite (p. ex., cocaïne, cannabis)

Il peut s'agir d'un faux positif.

 

Il peut s'agir d'un usage occasionnel ou d'une toxicomanie.

Les patients prenant du THC et du CBD (Sativex) ou ceux qui prennent de la marijuana à des fins médicales ont des résultats positifs pour le cannabis.

Faites effectuer des tests réguliers de dépistage urinaire de drogue.

Déterminez s'il y a usage illicite ou toxicomanie et aiguillez le patient vers un traitement de la toxicomanie, au besoin.

Demandez au patient s'il a une ordonnance de THC/CBD ou s'il prend de la marijuana à des fins médicales.

4. Le taux de créatinine est inférieur à 2 ou 3 mmol/litre

Le patient a ajouté de l'eau à l'échantillon ou bien il s'est gorgé d'eau.

Faites refaire le test.

Envisagez de faire effectuer le recueil d'urine sous supervision ou de faire contrôler la température de l'urine.

Demandez au patient de vous faire un compte rendu détaillé de la façon dont il a pris son médicament au cours des 7 derniers jours.

Revoyez/révisez l'entente de traitement.

5. L'échantillon d'urine est refroidi

Il y a eu un délai dans le traitement de l'échantillon (l'urine se refroidit en quelques minutes).

Le patient a ajouté de l'eau à l'échantillon.

 

Le patient a substitué un échantillon recueilli au préalable.

Faites refaire le test.

 

 

Envisagez de faire effectuer le recueil d'urine sous supervision ou de faire contrôler la température de l'urine.

Demandez au patient de vous faire un compte rendu détaillé de la façon dont il a pris son médicament au cours des 7 derniers jours.

Revoyez/révisez l'entente de traitement.

Tableau adapté de la ligne directrice Canadian Guideline for Safe and Effective Use of Opioids for Chronic Non-Cancer Pain © 2010, avec la permission du NOUGG (National Opioid Use Guideline Group).